Le vocable d’élégant qui figure dans sa dénomination lui convient parfaitement. La nature, en harmonisant dans sa livrée une palette de couleurs assez disparates, a fait de lui l’un de nos plus beaux oiseaux. Des cas d’hybridation spontanée entre sousespèces sont fréquemment constatés. Le chardonneret a été introduit en Amérique du Nord et du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande, où il s’est constitué quelques territoires.

Désiré Lapierre, en 1932, décrit la vie des chardonnerets à Oyonnax dans l'Ain au printemps, "pendant tout le mois de mai, on trouve des troupes de chardonnerets un peu partout qui chantent et se nourrissent de fleurs de pommier, de graines d'aulne et d'autres arbres." Les petits sentiers isolés dans la foret et les prairies ouvertes les attirent bien que le mouvement local dans toutes les directions se manifeste sans objectifs ou directions bien précises. Souvent de petites troupes peuvent être vues quand elles passent dans les régions boisées étendues de la partie ouest du pays de plaines avec la comme la Bresse, la plaine de l'Ain, le Val de Saône ou le bas plateau de la Dombes. Ils peuvent même y rester et se nourrir ou chanter mais ils bougent à nouveau rapidement. Tout au long de juin, le chardonneret continues ses errances en faisant la part de ses tendances sociales en chantant avec conviction dans les arbres et les vergers, sur les fils de téléphones. Il devient une des espèces d'oiseaux locaux les plus notables. Ce qui suit, pris dans mes notes en décrit une vue typique dans le pays d'Oyonnax : " un rassemblement de deux ou trois cents chardonnerets, sûrement des males à 90 %, se nourrissant au sol sur des plantes sauvages en floraison. Ils s'envolent souvent, en tourbillonnant par douzaines à la fois, se posent sur les fils de téléphone, sur les arbres avoisinants quelques prairies plus loin et retournent rapidement sur le sol après s'être alignés en tournant rapidement. Ils chantent aussi en cœur perchés sur les arbres".?

Le Chardonneret appartient à un petit groupe d'oiseaux à la queue courte comme les pinsons et les bouvreuils. Ils sont étroitement liés aux chardons et aux acanthes et possèdent des traits en commun. Ils se réunissent en bandes presque tout au long de l'année en donnant constamment leurs notes caractéristiques. Ils donnent le sentiment d'un oiseau plein d'esprit et de gaité. Antoine Barlissard, en 1885 dépeint le chardonneret ainsi; " Notre chardonneret est le plus aimable de tous les oiseaux, Avec son beau chant élégant et son ame plus encore, il est le plus apprécié sinon le plus fameux et n'obtient jamais que la moitié de ce qu'il mérite. Il est comme le pinson mais il est différent. Il n'est pas extrèmement bavard et on ne peut pas l'appeler joyeux. Mais il semble toujours réjouis en dépit de ses notes que certains nomment plaintives et reste toujours aimable. Pour peu que j'en sache, il n'émet jamais de sons gutturaux, memes les jeunes qui demandent de la nourriture n'utilisant que des sons musicaux et doux. Pendant la saison des amours, son délice devient souvent fort expansif. Quand on l'observe alors, dansant et chantant, il rendrait sa bonté au cynique. Comme le dit Roger Théodore Pierre fils en 1935: " Les responsabilités de la vie semble ne peser que légèrement sur les épaules ensoleillées du chardonneret"